Au cours du XXème siècle, on observe un déclin progressif de la chasse à la baleine, menant vers une approche plus respectueuse des cétacés : le whale-watching. La Commission Baleinière Internationale (CBI) encourage d’ailleurs cette pratique en tant qu’exploitation durable et non létale des cétacés. En 1993, la CBI adopte ainsi une résolution (résolution 1993-9) indiquant que : « Aujourd’hui, la principale utilisation des cétacés par nos pays membres est le whale-watching, not whaling». L’observation ???? de baleines vivantes offrant souvent de meilleures perspectives économiques que leur chasse selon des économistes qui auraient déclaré qu’une baleine vivante rapporte plus d’argent qu’une baleine morte (Hoyt, 2001).

En effet, le whale-watching commercial constitue une puissante entreprise touristique mondiale en forte croissance depuis les années 1990s. L’économie locale de nombreuses régions a rapidement été transformée par cette activité prospère qui a permis, dans les années 2000, la création d’entreprises et d’emplois, comme en Nouvelle Zélande, au Canada et en Afrique du Sud par exemple (Mayol & Beaubrun, 2005). En 2010, une étude de Cisneros et al. montre que l’observation des cétacés a encore un potentiel important de développement : plusieurs pays n’ont pas développé cette activité, malgré la présence de populations de cétacés dans leurs eaux territoriales. Le développement de cette activité pourrait leur apporter des bénéfices socio-économiques importants.

Cependant, le whale-watching se développe aujourd’hui de manière excessive et non-raisonnée (augmentation de la pression d’observation, approches intrusives, éducation du public lacunaire ou absente) ce qui pourrait, selon les perspectives d’évolution, être en défaveur d’un développement harmonieux de l’activité (Mayol & Beaubrun, 2005).

Désormais, il existe aussi une offre touristique proposant une activité de « nage ou mise à l’eau avec dauphins et baleines » en “complément” de l’observation simple des cétacés. Cette sous-catégorie de whale-watching se définit par “des interactions dans l’eau avec les cétacés, passives ou actives” (Parsons et al., 2006). Cette pratique implique de s’approcher des animaux au plus près, et souvent même de les poursuivre, si l’on souhaite les apercevoir sous l’eau, en général pour quelques secondes seulement. Pour rappel, ce comportement s’oppose à l’arrêté ministériel du 1er juillet 2011 (porté à modification par l’arrêté du 3 septembre 2020), qui interdit l’approche des cétacés à une distance de moins de 100 mètres dans les aires marines protégées.

Qui peut garantir que la systématisation d’une activité commerciale de nage avec des dauphins ou des mastodontes tels que les rorquals ou les cachalots est sans danger ?

Plusieurs études sont suffisamment équivoques à l’égard des atteintes potentielles sur les cétacés, bien qu’elles soient encore mal connues selon les sites et les espèces, pour que le principe de précaution soit mis en avant, d’autant que cette pratique grandit en popularité.
Une réalité sanitaire vient également conforter les dangers de la “nage avec les cétacés” : des zoonoses (maladies transmissibles entre l’animal et l’Homme) peuvent être transmises entre les deux espèces en cas de contact physique.

Sur la base de ces éléments, la communauté scientifique, les différentes entités de gestion d’Aires Marines Protégées ainsi que les Accords Pelagos et ACCOBAMS estiment que la nage avec les cétacés est difficilement compatible avec un concept commercial et durable. C’est pourquoi, le principe de précaution est adopté et la mise à l’eau à proximité de cétacés n’est pas considérée comme compatible avec la notion de “High Quality Whale-Watching®”, dont on vous parlera la semaine prochaine !

Illustration : ©MIRACETI